En quoi le “tout collectif” ne semble pas toujours pertinent ?
Tout naturellement dans des structures collectives comme les tiers-lieux qui souhaitent proposer le vivre, décider et faire ensemble, les prises de décisions se prennent dans un premier temps en « tout collectif » avec l’ensemble des membres. Mais rapidement l’accroissement du nombre des membres amène naturellement à des temps collectifs qui s’allongent, avec même parfois aucune décision prise. Ceci entraîne frustration et épuisement des bénévoles, salariés et administrateurs. La sociocratie invite à construire une organisation de cercles de décision de taille limitée (10 à 12 personnes) pour faciliter l’efficacité (faire avancer le projet collectif) et l’efficience (en préservant l’énergie des membres du collectif). Grâce à la règle du double-lien et du principe de l’équivalence, les membres d’une structure sociocratique savent que leurs positions, leurs avis seront pris en compte au bon niveau à travers le maillage des cercles de décision.



Qu’est-ce que la sociocratie ?
La méthode sociocratique de gouvernance formalisée par Gerard Endenburg – appelée Sociocratie ou Gouvernance Dynamique – vise à permettre à toute entreprise collective, quelle que soit sa forme et son objet, de s’auto-organiser à l’image d’un organisme vivant.
Gerard Endenburg a constaté que la question du pouvoir était cruciale pour permettre l’auto-organisation. La sociocratie vise donc à installer dans la structure collective « l’équivalence » entre les membres. L’équivalence, c’est le droit reconnu à chacun d’influencer et de consentir ou non à une décision qui va modifier de manière significative et durable ce qu’il vit et fait dans l’organisation. Ce droit entraîne une manière spécifique de prendre les décisions collectives.
La sociocratie distingue et articule les trois fonctions de pilotage, d’exécution et d’évaluation d’une structure de façon à réguler toute tentative de « pouvoir sur » tout en favorisant le déploiement du « pouvoir de » chacun au service de l’œuvre commune grâce aux 4 règles de base de la méthode :
- Une architecture de la prise de décision en cercles interconnectés et semi-autonomes.
- Un mode de décision par consentement (zéro objection).
- La mise en place d’un double-lien entre les cercles reliés entre eux.
- Le choix de l’élection sans candidat.
En quoi consiste la règle du double lien ?
Le lien entre deux cercles de décision inter-reliés (par exemple : cercle parent et cercle enfant) est double, à savoir qu’au moins deux personnes prennent part aux décisions, à savoir le responsable opérationnel et le double-lien du cercle enfant. Cette règle de base de la sociocratie a pour objet d’assurer qu’une personne seule ne puisse transformer même de manière involontaire, voire de distordre l’information descendante ou remontante entre les cercles. Le cercle enfant est aussi ainsi associé à toute décision du cercle parent de manière économique et efficace par deux représentants au minimum. Le double-lien est ainsi un des garde-fous qui permet de limiter une prise de pouvoir de l’information par un individu. L’autre intérêt est de permettre dans un même cercle de réunir trois niveaux opérationnels (hiérarchiques – grand-parent/parent/enfant) grâce au second lien ce qui favorise la prise en compte de la diversité des situations opérationnelle

Richard MICHEL – ACCORDS HUMAINS – 2022